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L'île aux trente polars
4 mai 2018

Des voleurs comme nous, de Edward Anderson

Ce livre est sorti en 1937, son auteur n’a pas trouvé son public et n’a plus jamais rien écrit hormis quelques nouvelles, qui n’ont pas eu plus de succès.  Et pourtant, ce petit livre est une perle, un trésor que devrait posséder tout amateur de roman noir, mais sans doute le public contemporain n’a-t’il pas su voir cette pépite.

C’est un livre court et on ne peut en raconter beaucoup sans en dire trop : Bowie, T-Doub et Chicamaw s’évadent du pénitencier de l’Oklaoma où ils purgent une peine à perpétuité pour des braquages de banques. Il s’échappent grâce à une ruse, traitent très bien leurs otages et les relâchent le plus vite possible sans leur faire de mal,ils utilisent seulement leur voiture. Le trio est constitué d’un blanc, d’un noir et d’un indien. Ils vivent dans le sud des USA et nous les suivons durant un an entre 1934 et 1935. Ils sont très attachants et humains. Nous suivons leur cavale, leurs espoirs et leurs résignations. Durant la première moitié du livre, les trois fugitifs sont au centre de l’action et dans la deuxième partie, nous nous intéressons surtout à Bowie, personnage particulièrement juste, loyal et fidèle.

Il s’agit d’un vrai roman noir écrit à l’apogée du genre, mais il ne fait pas le portrait de gangsters de grandes villes, nos héros sont des campagnards ou des citoyens de toutes petites villes du sud, ravagé par la crise économique. Anderson nous les présente sous un jour très sympathique, certes ils braquent des banques, mais de façon non violente. Pour eux les vrais voleurs ce sont ceux qui profitent de la misère des autres et s’enrichissent sur le dos des plus défavorisés. Ils ne sont pas des Robin des Bois pour autant, Chicamaw est un ivrogne égoïste et jaloux. La critique sociale est sous jacente tout au long du livre, illuminé par le magnifique et lumineux personnage de Bowie.

Un autre thème est la manipulation par la presse, aux ordres du système et plus soucieuse d’endoctriner que d’informer.

Ce livre nous emmène dans un univers disparu, plus proche de celui de Caldwell que de Hammett. C’est un petit bijou à ne surtout pas manquer. Il est vite lu, mais sûrement pas vite oublié. Le style est très agréable et on ne s’y ennuie pas du tout.  Quand on découvre de telles perles, on se dit que le polar contemporain américain a beaucoup perdu en qualité, surtout si on pense à certains succès de librairie actuels.

Des voleurs

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