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L'île aux trente polars

4 mai 2018

C comme cadavre, de Preston & Child

Il s’agit d’une aventure de Gideon Crew, le deuxième héros récurrent de Preston & Child. Il a beaucoup moins de charme que l’inspecteur Pendergast, mais nettement plus de muscles et un côté un peu voyou. Il a travaillé pour une agence gouvernementale s’occupant de l’énergie nucléaire. Il souffre d’une maladie rare et mortelle qui ne lui laisse qu’un an à vivre et il aimerait bien passer cette année dans la nature à pêcher et profiter de la vie, mais son ancien patron lui demande d’aller raisonner un ex collègue devenu fou qui a pris une famille en otage et menace de massacrer tout le monde.

Avec l’aide d’un agent du FBI, Gideon s’acquitte de cette mission, mais il apparaît rapidement que cette prise d’otage cache une menace terroriste islamiste, Un groupe radical veut lancer une bombe atomique sur Washington. Gideon a peu de temps pour déjouer ce complot. Il se lance sur la piste des terroristes, mais les autorités croient qu’il est leur complice et de chasseur, il devient chassé.

Nous avons là un thriller assez classique avec beaucoup d’action, des retournements de situation, une femme fatale. Ce n’est pas un grand polar et certainement pas le plus réussi du célèbre duo, mais c’est distrayant et amusant à lire. Parfois on est surpris et parfois les rebondissements sont attendus. Les personnages ne sont pas très travaillés, en dehors de Gideon, qui n’est pas très attirant ni sympathique.

Ce livre présente les qualités habituelles de ceux de Preston et Child : Agréable à lire, rebondissements à gogo, intrigue intéressante sur le plan scientifique et technique, imagination débordante mais aussi leurs défauts comme des actions parfois bien prévisibles et un héros qui se sort de toutes sortes de situations invraisemblables. Pendergast aussi se montre invincible, mais j’avoue que le côté Indiana Jones de Gideon ne me l’a vraiment pas rendu plus sympathique. L’ambiance est celle d’une Amérique post-onze septembre et traumatisée, les personnages se démènent pour éviter l’apocalypse et le roman est découpé en chapitre courts, on le lit comme si on assistait à un film d’action. Même si j’apprécie les livres de ces deux auteurs, ce ne sont pas des chefs d’oeuvre de la littérature policière, ils manquent de profondeur pour cela. Ce sont essentiellement des livres vite lus, des best-sellers sympathiques et distrayants. Il ne faut pas leur en demander plus. Personnellement je trouve la série des Pendergast plus réussie que celle-ci. Toutefois ce livre n’est jamais ennuyeux et s’il n’est pas à marquer d’une pierre blanche, il reste un très agréable divertissement.

C comme

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4 mai 2018

Des voleurs comme nous, de Edward Anderson

Ce livre est sorti en 1937, son auteur n’a pas trouvé son public et n’a plus jamais rien écrit hormis quelques nouvelles, qui n’ont pas eu plus de succès.  Et pourtant, ce petit livre est une perle, un trésor que devrait posséder tout amateur de roman noir, mais sans doute le public contemporain n’a-t’il pas su voir cette pépite.

C’est un livre court et on ne peut en raconter beaucoup sans en dire trop : Bowie, T-Doub et Chicamaw s’évadent du pénitencier de l’Oklaoma où ils purgent une peine à perpétuité pour des braquages de banques. Il s’échappent grâce à une ruse, traitent très bien leurs otages et les relâchent le plus vite possible sans leur faire de mal,ils utilisent seulement leur voiture. Le trio est constitué d’un blanc, d’un noir et d’un indien. Ils vivent dans le sud des USA et nous les suivons durant un an entre 1934 et 1935. Ils sont très attachants et humains. Nous suivons leur cavale, leurs espoirs et leurs résignations. Durant la première moitié du livre, les trois fugitifs sont au centre de l’action et dans la deuxième partie, nous nous intéressons surtout à Bowie, personnage particulièrement juste, loyal et fidèle.

Il s’agit d’un vrai roman noir écrit à l’apogée du genre, mais il ne fait pas le portrait de gangsters de grandes villes, nos héros sont des campagnards ou des citoyens de toutes petites villes du sud, ravagé par la crise économique. Anderson nous les présente sous un jour très sympathique, certes ils braquent des banques, mais de façon non violente. Pour eux les vrais voleurs ce sont ceux qui profitent de la misère des autres et s’enrichissent sur le dos des plus défavorisés. Ils ne sont pas des Robin des Bois pour autant, Chicamaw est un ivrogne égoïste et jaloux. La critique sociale est sous jacente tout au long du livre, illuminé par le magnifique et lumineux personnage de Bowie.

Un autre thème est la manipulation par la presse, aux ordres du système et plus soucieuse d’endoctriner que d’informer.

Ce livre nous emmène dans un univers disparu, plus proche de celui de Caldwell que de Hammett. C’est un petit bijou à ne surtout pas manquer. Il est vite lu, mais sûrement pas vite oublié. Le style est très agréable et on ne s’y ennuie pas du tout.  Quand on découvre de telles perles, on se dit que le polar contemporain américain a beaucoup perdu en qualité, surtout si on pense à certains succès de librairie actuels.

Des voleurs

4 mai 2018

S comme survivre de Preston & Child

Nous retrouvons Gideon Crew pour le troisième volet de ses aventures et là le niveau monte d’un cran, j’ai vraiment retrouvé ce que j’aime dans les thrillers de ces deux auteurs, c’est vraiment le plus réussi de la série et les amis de Pendergast y sont moins dépaysés.

Gideon est rappelé par son ex-patron, Eli Glinn qui lui confie la mission d’aller voler une page d’un vieux livre irlandais exposé dans un musée de New York. Il s’agit en réalité d’un palimpseste qui cache une carte permettant d’accéder à une île inconnue sur laquelle pousse une plante qui permettrait de fabriquer un remède universel. Gidéon et Eli, tous deux en très mauvaise santé sont intéressés au plus haut point par cette plante. Notre aventurier part dans les Caraïbes avec Amy, sa nouvelle partenaire, encore plus intrépide que lui, ce qui n’est pas peu dire.  Leur voyage n’a rien d’une croisière d’agrément, ils rencontrent des trafiquants en tous genre (drogue, armes), des gangsters et des chasseurs de trésors plein de mauvaises intentions. Ils se trouveront même face à une créature mythologique dangereuse et très misanthrope.

On retrouve ici le mélange du thriller et du fantastique qui est un des charmes de la série des Pendergast. Preston & Child font preuve d’une imagination débordante pour notre plus grand plaisir. On est pris dans l’intrigue qui paraît très plausible, du moins on aimerait fortement y croire. Les personnages sont plus développés que dans les deux premiers opus de la série, ils prennent de l’épaisseur et on comprend mieux leur passé.  Ce roman fait le lien avec d’autres oeuvres des mêmes auteurs. Eli Glinn était le héros de Ice limit où son égoïsme a causé un naufrage catastrophique et la mort de presque tous les membres de l’expédition, on voit ici qu’il n’a pas vraiment changé. A l’occasion il aide aussi Pendergast, ce qui en fait un pivot de le l’univers de Preston & Child.

L’aspect le plus intéressant de ce thriller est la relecture  de l‘Odyssée d‘Homère, qui prend une dimension nouvelle et passionnante. Faire un thriller contemporain avec ce vieux mythe est vraiment une idée géniale qui m’a séduite. Tant le thème du terrorisme islamique du  tome précédant m’avait peu intéressée, c’est bien sûr d’une actualité brûlante, mais un peu trop présent dans les polars en ce moment, tant cette chasse au trésor sur une île inconnue m’a plu. Un des thèmes est l’écologie et la façon dont nous exploitons les ressources limitées de la planète et là aussi les réflexions des auteurs sont très pertinentes.

J’ai vraiment retrouvé un thriller de Preston & Child tel que je les aime, Gideon est toujours un peu Indiana Jones, mais ça passe nettement mieux, ne manquent que l’inspecteur Pendergast et Vincent Da Costa pour que mon bonheur soit parfait, mais les héros des deux principales séries vont bien finir par se rencontrer. D’ailleurs le livre se termine sur l’annonce de la suite des aventures de Gideon et je suis déjà impatiente de les connaître. S comme

4 mai 2018

7 jours, de Deon Meyer

Benny Griessel est enquêteur au Cap, il vient d’être muté dans l’unité des Faucons, un groupe d’élite chargé des missions difficiles. Et il va devoir mener de front deux enquêtes à la fois avec ses collègues. La première piétine depuis plusieurs semaines, il s’agit du meurtre d’une jeune avocate d’affaires mystérieusement assassinée. On a retrouvé son corps lardé de coup de couteaux chez elle mais il n’y a pas eu d’effraction ni de vol. Tout à coup il devient urgent de trouver cet assassin, car un homme envoie des mails délirants et truffés de versets bibliques à Benny, menaçant de tuer un policier chaque jour tant que l’assassin de la jeune femme n’est pas derrière les barreaux. Il s’exécute le soir même en blessant un policier par belle.

Benny reprend l’enquête sur le meurtre d’Hanneke Sloet  et se retrouve plongé dans le monde de la haute finance, qui lui est tout à fait étranger. La jeune femme est issue d’un milieu très simple, mais elle était ambitieuse et a su monter les échelons de la société très vite, profitant de toutes les opportunités. Elle évoluait dans un monde qui paraît bien irréel à Benny, le monde des comptes offshore, de la spéculation sur du vide, des fortunes très vite faites et défaites.

Benny est un homme simple, il est divorcé, inquiet pour ses enfants. Il est alcoolique, mais abstinent depuis maintenant deux cent vingt sept jours, son amie est chanteuse et perdue dans l’alcool elle aussi. C’est un anti-héros très attachant, il n’a pas de carrière brillante en vue, car étant blanc, bien que de condition modeste, il n’a plus accès à l’avancement car l’Etat pratique la discrimination positive pour compenser l’Appartheid et les blancs ne peuvent plus grimper dans la hiérarchie. Le groupe des faucons est composé de policiers de tous les groupes ethniques, blancs, noirs et métis, unis pour résoudre ces crimes. Si les administrations ne connaissent plus la séparation raciale, il n’en va pas de même des relations et des amitiés personnelles.

Le Cap est un des personnages de ce livre et nous visitons ses différents quartiers avec Benny. C’est un homme lucide et il présente son pays de façon optimiste mais sans angélisme. Deon Meyer est un ancien journaliste et il se renseigne avec précision pour que son enquête soit très réaliste et documentée.

Il nous entraîne dans une course poursuite tout à fait palpitante et menée tambour battant. Encore un super polar dans lequel on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer.

7 jours

4 mai 2018

Black-out, de John Lawton

Nous découvrons une nouvelle série mettant en scène le lieutenant Troy, un aristocrate d’origine russe devenu policier à Scotland Yard. Il ne s’est pas brouillé avec sa famille mais a très peu de contact avec eux en dehors de son oncle Nicolas, un savant un peu fou, professeur de physique et anarchiste impénitent. Sir Alexei, le père de Troy est mort récemment. Ses opinions communistes ne l’ont pas empêché de devenir un riche magnat de la presse et de fréquenter le grand monde. Freddie, lui désire s’éloigner de ce milieu qu’il juge superficiel, il n’apprécie guère son frère Rod engagé dans l’armée de l’air et devenu chef de famille depuis la mort de leur père. Freddie est heureux de sa vie de policier, son subordonné est Jack, issu lui aussi du même milieu aristocratique.

Le roman commence au début de l’année 1944 alors que Londres est régulièrement bombardée par la Luftwaffe. Des enfants jouent dans les ruines et trouvent par hasard un bras humain. Le médecin légiste conclut qu’il s’agit d’un Allemand d’après son bouton de manchette. Le reste du corps est retrouvé calciné dans une chaudière. Les supérieurs de Freddie Troy sont peu enclins à s’occuper de cette affaire, estimant qu’un ennemi de moins n’est pas une grande perte. Toutefois le jeune policier soupçonne une affaire importante. Son ami le médecin légiste fait le lien avec un cadavre non identifié trouvé sur le bord de la Tamise avec une balle dans la tête au printemps quarante-trois. Il s’agissait aussi sûrement d’un Allemand d’après ses vêtements. Quand Troy veut examiner ce dossier, il s’aperçoit qu’il a entièrement disparu. Son enquête lui démontre rapidement que les services secrets britanniques et surtout américains sont impliqués. Les autorités font obstruction, mais certains fonctionnaires n’apprécient pas l’impunité dont jouissent les Américains et surtout leur violation constante de la souveraineté nationale, ils aident donc discrètement Freddie.

Troy démêle un écheveau bien compliqué peu à peu, il sera aidé et manipulé par des femmes. Il risque sa vie à plusieurs reprises, ne respecte pas les règles et finalement arrivera à ses fins bien plus tard.

Ce roman est très prenant et si au début on est peu perdu avec le nombres considérables de personnages issus de divers services, on peut toujours se reporter au tableau présenté en début, mais on retrouve très vite le fil de l’histoire. La présentation du cadre est très détaillée et intéressante. Le livre  parle de la vie des Anglais durant la guerre et plus particulièrement des antagonismes de classe. Troy et Jack vivent et enquêtent tant du côté des classes populaires que de leur milieu aristocratique. La gauche anglaise et les communistes en particulier sont des personnages importants du roman. Les personnages féminins sont très réussis. Jack est naïf est coincé au début du livre, mais Toska la secrétaire américaine et Lady Diana (qui n’a rien d’une rose d’Angleterre !) se chargeront de le dégourdir. La fin est tout à fait inattendue et ouverte,  l’on ne voit pas venir le criminel. Le rythme de l’histoire va crescendo tout au long des pages.

C’est un excellent polar que j’ai eu grand plaisir à découvrir.

Black out

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4 mai 2018

Du sang sur la glace, de Jo Nesbo

Il s’agit plus d’une longue nouvelle que d’un vrai roman et c’est difficile d’en parler sans en dire trop, car l’action est assez linéaire. Nous sommes dans la tête d’Olav un tueur professionnel d’Oslo. Il travaille pour Daniel Hoffman , chef local de la pègre, qui est en concurrence avec le Pêcheur pour le contrôle du trafic de drogue en Norvège. Après un travail de routine, Hoffmann lui demande de tuer sa femme qui le trompe. Olav ne tarde pas à en tomber amoureux et change ses projets pour la sauver.

Tout le roman est écrit du point de vue d’Olav, un tueur dyslexique  et poète, amoureux de la littérature et de quelques femmes. C’est un personnage très sympathique et on se prend à espérer que son projet réussisse, de toute manière, ce n’est pas lui le vrai méchant de l’histoire. Un polar très poétique, c’est plutôt rare, mais Jo Nesbo a relevé le défi avec brio. Les chapitres sont courts et l’action alterne avec les pensées et les souvenirs d’Olav.  Il rêve d’être écrivain.

L’histoire est un peu prévisible, même si le personnage principal est très attachant. L’humour noir est présent tout au long du texte. Il n’y a pas de grosses surprises, même lors du final, mais ce livre est très plaisant à lire. Il est très vite lu et il y a finalement assez peu à en dire.

Un livre assez différent de ceux auxquels nous a habitués cet auteur, mais qu’il vaut la peine de découvrir.

Du sang

4 mai 2018

Meurtre à Tombouctou, de Moussa Konaté

Ibrahim, un jeune Touareg ne rentre pas à son campement, son frère Rissa s’inquiète et va à sa rencontre sur le chemin de Tombouctou où Ibrahim devait saluer un de ses amis avant son départ pour Bamako. Rissa trouve le corps de son frère à l’entrée de la ville. Au lieu de le ramener au campement, il l’apporte au commissariat ce qui manque provoquer une émeute. Le commissaire Touré ne sais par quel bout empoigner cette affaire quand il est appelé à l’hôtel Al-Farouk car un homme a tiré contre la chambre d’un touriste français en proclamant des menaces islamistes. En plus il s’avère que la victime était aussi un ami d’Ibrahim.

L’affaire fait grand bruit en haut lieu et le ministre de l’intérieur convoque une réunion de crise à Bamako en présence de l’ambassadeur de France. Il est décidé de dépêcher sur les lieux le commissaire Habib, incorruptible et dont le talent est reconnu, un de ses collaborateur Sosso et Guillaume, spécialiste de la lutte anti-terroriste de l’ambassade de France. Le lendemain les trois hommes prennent le chemin de Tombouctou pour éclaircir ce double mystère.

Présenté ainsi, ce polar semble intéressant, mais en réalité il est super gnangnan. C’est plutôt un prétexte pour nous présenter le Mali et Tombouctou en particulier. Les Touaregs et leurs coutumes tiennent une grande place dans le texte, ainsi que le décalage entre la Tombouctou de la légende et celle de la réalité. On assiste aussi aux pressions et tentatives de corruption dont est victime Habib.

Quant aux deux jeunes policiers, Sosso et Guillaume, ainsi que les autres personnages, ils ne sont pas convaincants pour un sou. Les deux flics semblent être deux adolescents attardés qui découvrent Tombouctou sous le regard paternel d’Habib, le tourisme semble plus les intéresser que leur mission, ils décadreraient même dans un roman du Club des Cinq, alors de là à imaginer Guillaume comme un spécialiste de la lutte contre le terrorisme, c’est vraiment en demander trop au lecteur. Les dialogues sont aussi dignes d’un roman pour enfant de dix ans.

Parlons de l’intrigue, à la fin Sosso et Guillaume soupçonnent le Français d’avoir deux faces et de n’être pas qu’une victime innocente, mais la piste n’est pas creusée, il n’y a pas plus de terroriste que d’extra-terrestres. Et l’intrigue autour de la mort d’Ibrahim retombe comme un soufflé.

Le seul intérêt de ce livre est de nous faire découvrir Tombouctou et la communauté touareg, c’est plus un guide touristique qu’un polar. On a l’impression que l’intrigue policière est secondaire et les deux héros sont si peu vraisemblables que ça ne rend pas l’action plausible ni intéressante. Un seul mot me vient pour résumer ce livre heureusement assez court : l’ennui.

Tombouctou

4 mai 2018

La dernière carte, de Carin Gerhardsen

Le 2 aout 2009, dans la nuit, Sven-Gunnar Erlandson rentre chez lui après une soirée arrosée avec ses copains de poker. Ils sont dépensé leur cagnotte annuelle alimentée par les pertes du groupe. Il rentre à pied par la forêt quand un inconnu lui tire dans le dos et l’achève ensuite d’une balle dans la nuque. C’est le dernier dimanche des vacances scolaires et toute la brigade de l’inspecteur Conny Sjöberg se trouve rappelée d’urgence.

On trouve dans la poche de la victime quatre cartes, ce qui ajouté au mode d’exécution fait penser qu’il s’agit d’une vengeance pour des tricheries au poker. L’équipe se met à enquêter sur ce notable à la réputation sans tache, banquier qui s’occupe d’un club de football amateur, en particulier des enfants et qui aide souvent les sans-domicile fixe. Tout le monde est unanime à affirmer que la victime était appréciée de tous, qu’il n’a jamais pu tricher aux cartes et que de toutes façon le groupe ne jouait que de petites sommes qui leur servaient à financer un bon repas par année.  Les policiers se concentrent sur les amis de Sven, qui semblent tous avoir de vilains secrets à cacher : Jan semble un très mauvais perdant et c’est lui qui a financé le plus gros de la cagnotte cette année, Lennart a été écarté du poste d’entraîneur de l’équipe des filles car il aurait dragué les gamines et les aurait regardé de manière grivoise. Quant à Staffan, il est déprimé depuis le suicide de sa femme et la disparition d’une fillette russe qui passait les vacances chez eux et qu’ils étaient en train d’adopter huit ans auparavant. De lourds soupçons ont porté sur Staffan à ce moment-là et Sjöberg pense qu’il est coupable du meurtre de l’enfant , de sa femme et maintenant de Sven, mais l’enquête piétine.

De leur côté Hedvig, Jens et Jammal pensent que Sven n’était pas le notable lisse et sans histoire que l’on croit et orientent leur recherches dans ce sens.

On retrouve ici toute l’équipe du commissariat d’Hammarby (Stockholm). Cette enquête est moins palpitante que la précédente et les deux parties l’histoire pourrait être mieux coordonnées, les pièces du puzzle ne s’imbriquent pas tout à fait bien. Pourtant malgré ces petits défauts c’est un excellent moment de lecture. J’aime beaucoup l’inspecteur Sjöberg qui sait faire preuve d’humanité et reconnaître ses erreurs. On suit aussi en filigrane l’enquête que Jammal mène tout seul sur le viol de sa collègue et amie Petra et les développements de la dernière page laisse entendre une suite, ce qui me réjouit beaucoup.

Ce livre a eu une assez mauvaise critique, mais il ne la mérite pas, même s’il est moins réussi que les premiers opus de la série. J’ai aussi beaucoup aimé le fin mot de l’histoire, car si la justice judiciaire n’est pas satisfaite, la justice immanente l’est largement. J’aime aussi le côté faillible des héros, aucun n’est parfait, il n’y a pas de super héros, mais des hommes imparfaits qui aspirent à travailler pour la justice de leur mieux, je les trouve très humains et convaincants.

Un très chouette polar nordique à ne pas manquer, surtout si on a aimé les premier volumes de cette belle série.

la dernière carte

4 mai 2018

Le duel, d'Arnaldur Indridason

Ce roman se passe durant l’été 1972 à Reykjavik, l’évènement du moment est le championnat du monde d’échec qui oppose l’Américain Bobby Fischer et le Russe Boris Spassky. On est en pleine guerre froide et le monde entier se passionne pour ce match. Les projecteurs sont braqués sur la ville qui a attiré de nombreux touristes.

Un jeune homme amateur de cinéma qui avait pour habitude d’enregistrer la bande son se fait poignarder et son magnétoscope disparaît. C’était un jeune sans histoire et la police pense qu’il a entendu et enregistré quelque chose qu’il n’aurait pas dû. L’ambiance est à l’espionnage, la paranoïa politique sur fond de défection de diplomates. Les autorités pensent que la victime s’est trouvée au mauvais moment au mauvais endroit et aimeraient étouffer l’affaire pour ne pas alourdir le climats et les tensions Est / Ouest. Marion Briem, futur mentor d’Erlendur ne l’entend pas de cette oreille.  Plusieurs chapitres lui sont consacrés et expliquent son enfance marquée par la tuberculose et les séjours dans un sanatorium danois. C’est l’occasion de nous présenter la région après la guerre.

Il y a quelques indices près du corps du jeune homme et quelques suspects, un clochard alcoolique, un présentateur de la météo et une hôtesse de l’air. Le crime est-il en lien avec la partie d’échec ou non ? Ce fait divers ne cacherait-il pas une affaire nettement plus importante ?

On retrouve toutes les qualités des livres d’Indridason, son écriture solide, son intrigue bien bâtie, les allers-retours entre présent et passé et surtout sa peinture convaincante de la société nordique de cette époque. L’Islande est un petit pays bousculé par l’Histoire, la consommation et tous les changements de société intervenus à ce moment-là. Erlendur fera même une brève apparition dans les dernières lignes, il est encore un jeune policier en uniforme et vient d’intégrer l’équipe de Marion Briem. Ce livre est passionnant et on ne peut le lâcher, comme tous les romans de cet auteur d’ailleurs. On sent une certaine nostalgie pour cette époque révolue.

Marion apparaissait en filigrane dans le cycle d’Erlendur lorsqu’il pense à ses conseils ou lui rend visite lorsqu’elle est malade et ce livre dont elle est le centre éclaire aussi la personnalité d’Erlendur. Comme tous les romans d’Indridason, celui-ci est un petit bijou à ne pas manquer.

Le duel

4 mai 2018

Le dernier message de Sandrine Madison, de Thomas H. Cook

Nous suivons les dix jours du procès de Samuel Madison, professeur à la modeste université de Coburn dans le sud des USA. Il est accusé d’avoir assassiné sa femme Sandrine également professeure dans la même institution. Sam clame son innocence et affirme qu’il s’agit d’un suicide. Le procureur Singleton pense avoir affaire à une diabolique mise en scène et a demandé la peine de mort, Morty, l’avocat juif et obèse de Sam essaie de le rassurer en affirmant que le dossier ne repose sur rien.

Alexandria, fille de Sam et Sandrine est revenue d’Atlanta pour soutenir son père. Elle est prise dans le tourbillon et ne sait que croire, par moment elle croit son père coupable et par moment non.

Nous suivons chaque journée en détail et les différents chapitres sont consacrés aux témoignages des différentes personnes appelées à la barre, ainsi qu’aux pauses de midi et aux soirées de Sam et Alexandria. Nous sommes le plus souvent dans la tête de Sam, mais parfois un narrateur intervient aussi à la troisième personne. Sam n’a pas la cote dans sa ville il passe pour un intellectuel hautain et distant, l’inspecteur Alabrandi, chargé de l’enquête l a rapidement pris en grippe. Sam a marqué son mépris devant les débuts de l’enquête et l’inspecteur s’est obstiné.

Durant son procès, Sam est absent, occupé à analyser son mariage et la manière dont il a dérivé. Lorsqu’ils étaient jeunes, Sam et Sandrine étaient heureux, ils ont fait un voyage marquant autour de la Méditerranée, ils avaient de grands rêves et de grandes ambitions, comment ont-il pu en arriver là ?

Le livre est truffé de références littéraires et je n’ai pu m’empêcher de penser à L’étranger de Camus. Sam semble être le jumeau de Meursault, des détails anodins et sans importance en soi s’enchaînent pour l’entraîner dans une ronde mortelle. D’ailleurs, vers la moitié du livre, Cook se réfère explicitement à l’oeuvre de Camus.

On suit la descente aux enfer de Sam qui se demande s’il n’est pas finalement victime de l’implacable vengeance de sa femme qu’il a trompée de façon assez idiote.

Mais comme toujours dans les livre de Cook, les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent être et la fin nous réserve un retournement de situation. C’est un magnifique roman noir qui mérite un grand coup de coeur, comme tous ceux de cet auteur. Le dernier message de Sandrine à son mari veut le remettre sur les bons rails, mais est-ce encore possible ?

le dernier

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